Le bac de recyclage

Comment être productif, leçon 2

Mercredi soir. Le recyclage passe demain matin. Tu jettes un oeil vers ton bac: il n’est pas vraiment plein. Tu vis seul, alors il ne se remplit jamais complètement en une semaine. Ça te tente plus trop de sortir dehors à cette heure-là, tu allais bientôt te coucher. Ça ira à la semaine prochaine.

La semaine suivante, le bac déborde un peu. Ça fait quand même quinze jours que tu lances tes pots, boîtes et bouteilles dedans sans trop te soucier d’utiliser l’espace efficacement.  Tu vis seul, y a de la place en masse dans ton bac, que tu te dis. Tu sors de chez toi, tu t’en vas prendre une bière avec des amis. Tu remarques les bacs sur le trottoir. « Shit, faudrait que je sorte le mien. » Tu considères pendant une seconde remonter chercher le tien tout de suite. Ce serait fait. En même temps, tes amis t’attendent, tu es déjà en retard. « Je le sortirai en revenant. » Évidemment, tu reviens un peu éméché, tu ne penses au recyclage que lorsque tu vas à la salle de bain te brosser les dents avant de te coucher. Tu te dis que si tu réussis à te lever tôt, tu le sortiras demain matin. Au pire, ça ira à la semaine prochaine.

La semaine prochaine, il commence à y avoir plus de détritus qui débordent du bac qu’il y en a l’intérieur. Ça repose sur une base pas très solide non plus, vu qu’au début tu faisais juste garrocher tout ça là-dedans sans y prêter attention. Chaque fois que tu passes à côté, tu te dis: « Faudrait vraiment pas que j’oublie, cette semaine. » Jeudi matin, tu sors de chez toi acheter ton muffin quotidien. Tu remarques les bacs virés à l’envers sur le trottoir. Fuck. Ça aura pas le choix d’aller à la semaine prochaine.

Il y a de plus en plus de stock autour du bac. En fait, on ne le distingue presque plus. C’est d’abord un tas de détritus, avec un objet vert en dessous. Tu commences à trouver ça laid. On est juste lundi, mais ça t’écoeure suffisamment pour que tu t’en occupes. Tu vides le bac par terre et tu réorganises tout ça: boîtes et bouteilles bien écrasées, conserves bien imbriquées, le tout bien cordé dans le bac. Réussite! Ça t’a pris pas loin d’une heure, mais ça ressemble de nouveau à un bac. Ça déborde encore pas mal, mais tout tient. Reste seulement à ne pas l’oublier mercredi soir ou jeudi matin. Justement, tu te réveilles jeudi au son du camion de récupération sur ta rue. Il est tôt, vraiment trop tôt pour toi. Tu entends le camion se rapprocher. Tu es au chaud sous ta couette, ton chat ronronne, collé sur toi. Tu « calcules » que tu n’aurais pas le temps de te lever, t’habiller et sortir avant que le camion ne passe. Tu te rendors. Ça ira à la semaine prochaine.

Malgré ton beau ménage de la semaine suivante, les déchets ont recommencé à se répandre jusque par terre. Si tu essaies de sortir le bac dans ces conditions, tu vas en répandre partout sur ton chemin. Tu es paresseux, mais tu tiens à tes bonnes relations avec tes voisins. Donc tu sors un sac de plastique et tu y ranges tout ce qui déborde. Comme tu es un aussi un peu compulsif, tu décides qu’il n’y aura que du verre et du plastique dans le sac. Pas de papier. Tu enlèves donc quelques bouteilles de ton bac bien rangé pour les transférer dans le sac et faire de la place pour le nouveau carton. Résultat de l’opération: un bac et un sac bien remplis, sans débordement. Tu n’es pas peu fier. Et comme on est mercredi soir, tu sors tout ça à la rue. Tu regardes les autres bacs: mal cordés, débordants, pleins de trucs pas recyclables. Tu te demandes si les recycleurs admirent secrètement ton bac.

Tu te dis aussi que ça serait moins compliqué si tu le sortais plus régulièrement. Ça ira à la semaine prochaine.

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