Je suis un drôle de fan de sport. Je peux m’intéresser à presque tous les sports, mais toujours d’un point de vue un peu décalé.
C’est pourquoi j’adore le Sportnographe, ce journal satyrique couvrant l’actualité du Canadien. C’est ma seule source d’information concernant le hockey. J’apprends donc les nouvelles en lisant d’abord la parodie. Ça me plaît.
En bon média sportif, le Sportnographe a développé ses propres clichés. Par exemple, ses chroniqueurs omettent toujours l’article avant le mot « Canadien » et ajoutent toujours un article masculin singulier devant les nom de villes des autres équipes. Ça donne de phrases comme: « Canadien affrontera le Boston en première ronde du détail. » Comme vous le voyez dans mon titre, c’est un tic qui s’attrape vite.
En fin de semaine, je lisais le Journal de Montréal en déjeunant, et je tombe sur un article expliquant comment Detroit « a éliminé le Colorado ». C’est la façon correcte de l’écrire, et pourtant j’ai tout de suite pensé que le Journal adoptait enfin le ton du Sportno. Ça m’a empli de joie, ce qui a aidé les petites saucisses à passer.
Je n’ai pas de télé chez moi, alors l’Internet est ma seule option pour regarder du sport. J’avais regardé quelques parties sur le site de la CBC, qui diffuse en direct et gratuitement, mais la qualité de l’image laissait à désirer. Disons qu’il fallait deviner où se situe la rondelle.
Samedi soir, je me suis commandé le match fatidique sur la Zone de MatCH RDS. La qualité de l’image était beaucoup plus satisfaisante. Je pouvais regarder en plein écran (RDS avait même une page d’aide m’expliquant comment y arriver avec Flip4Mac) et distinguer assez clairement la rondelle. En plus, RDS a l’amabilité d’enlever les publicités quand on paye 3 dollars. Apprécié. Le principal problème, c’est que la diffusion ne se fait pas complètement live. Il y a toujours un tampon pour la compression et le téléchargement. Je pouvais donc savoir qu’un but du Canadien s’en venait dans la minute suivante quand j’entendais mes voisins crier. À part de ça, les seuls problèmes sont les problèmes habituels de la couverture du hockey:
- Surabondance de statistiques inutiles: avant le début de la partie, un commentateur nous a rappelé que dans leur histoire, les Flyers n’avaient jamais remporté 4 matchs consécutifs après avoir perdu le premier contre le Canadien. D’abord, on parle probablement d’un échantillon de 4 ou 5 séries. Ensuite, aucun des joueurs qui allait bientôt sauter sur la glace n’avait participé à aucune de ces séries. Bref, une statistique d’aucune utilité pour prédire l’issue du match.
- Commentateurs maniaco-dépressifs: quand le Canadien menait 3-1, Pierre et Yvon s’extasiaient devant chacun de leurs mouvements. Après les trois buts sans riposte de Philadelphie, chaque fois qu’un joueur du Canadien passait dans le beurre, Pierre s’exclamait « Et là ENCORE une passe molle! », comme s’ils ne faisaient que ça depuis le début de la partie.
Mais le pire de la couverture du hockey à Montréal ce sont les oeillères que portent les journalistes par rapport à ce qui passe ailleurs. En ce moment, le consensus semble être que Canadien a connu une bien belle saison, au dessus de toutes les attentes, en remportant l’association puis une ronde contre les faibles Bruins, alors qu’ils n’avaient même pas fait le détail l’année dernière. C’est vrai que c’est un beau progrès, mais aucun journaliste ne signale que les Flyers avaient terminé derniers de l’association la saison dernière et qu’ils sont maintenant rendus plus loin que nos Glorieux dans les séries. Ça aurait donc été possible d’améliorer l’équipe et ses résultats encore plus. Mais personne n’écrira ça à Montréal. C’est à peine s’il y en a un (le bon!) qui ose écrire que Carey Price est peut-être plus le nouveau José Théodore que le nouveau Patrick Roy.
Le sport nous offre quand même régulièrement de très beaux moments, autant dans la victoire que dans la défaite. Samedi dernier, après les poignées de main traditionnelles, les joueurs du Canadien ont salué la foule qui était restée sur place pour les remercier d’une belle saison. C’est un geste fréquent au soccer, que j’aime particulièrement. J’ai versé une petite larme. Et je leur ai dit merci, moi aussi.