Samedi je suis sorti danser avec une amie. On s’est dit que notre configuration « un gars une fille » nous donnait l’air d’un couple, alors on s’est inventé une histoire. Elle était ma demi-soeur, et nous travaillions en cinéma. Elle monteuse, moi assistant-réalisateur. Demi-frère ou simple ami, mon rôle était de l’empêcher de faire des folies qu’elle regretterait plus tard. La situation avec son chum se complique, et il y a déjà un autre gars sur les rangs. On n’aurait pas dit à la regarder ce soir-là, mais elle ne tient pas à la multiplication des prétendants.
Moi je spotte ma cible assez vite: la grande brune là-bas. C’est mon jour de chance, elle se déplace et se retrouve d’elle-même juste à côté de moi. Elle est avec un autre gars, qui n’a pas l’air d’être son chum. Je danse près d’elle, j’essaie d’établir un contact visuel. Peine perdue. Elle est concentrée sur sa danse, et sur éviter les regards des gars qui l’entourent.
Une pause, je m’installe à côté d’elle et je lui explique que je suis là pour veiller sur ma petite soeur. « Ah, c’est ta soeur! », qu’elle me répond, presque soulagée. Son visage s’éclaire d’un sourire. Et elle m’annonce qu’elle est mariée et a deux enfants. Bon, c’est pas ce soir que je vais scorer, mais c’est quand même elle la plus belle dans la place, et j’ai brisé ses défenses, alors ça me fait plaisir de danser avec elle jusqu’à la fin de la soirée, tout en gardant un oeil sur ma petite soeur.
De cette soirée je retiens deux choses. D’abord, qu’il y a un plaisir pervers à gagner la confiance de quelqu’un avec un mensonge. Ensuite, que je dois apprendre à danser. Quand la salsa démarre et que la fille en avant de toi sait la danser, il faut suivre.